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Migration: Un cas dans la sous-région

Migration: Un cas dans la sous-région

Jouant un rôle de régulateur démographique et engendrant d’importants flux monétaires, ces migrations ont été un élément clé de la construction et du développement des Etats d’Afrique de l’Ouest et ont largement participé au processus d’intégration sous-régionale .

Consciente des potentiels que représente cette mobilité, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a, dès sa création, fait de la liberté de circulation, d’établissement et de résidence l’un des éléments essentiels de sa politique. Toutefois, en pratique, les objectifs de la CEDEAO n’ont pas toujours été atteints et les populations ouest-africaines rencontrent encore de nombreuses difficultés pour se mouvoir et s’établir librement dans la sous-région. Parmi elles, se trouvent également des personnes avec des besoins spécifiques de protection qui empruntent les mêmes routes migratoires que les travailleurs ou les étudiants. En 2000, on estimait ainsi que 11% des mobilités sous régionales étaient liées à des mouvements réfugiés . Si ce pourcentage a baissé depuis le retour à une certaine stabilité politique dans la sous-région, en 2007, le HCR recensait encore 13’562 demandeurs d’asile et plus de 950 000 personnes relevant de son mandat . Malgré leur importance démographique, leur potentiel mais aussi les risques d’abus et d’exploitation qu’elles font encourir aux populations, les migrations interrégionales font l’objet d’une attention bien moins importante que les flux ouest-africains en partance pour l’Europe. Aujourd’hui, les recherches académiques, les conférences internationales et sous-régionales et surtout les initiatives politiques en matière d’asile et de migration sont essentiellement tournées vers la question de la lutte contre la migration irrégulière vers l’Europe. Les pirogues sub-sahariennes en partance des pays côtiers (Mauritanie, Sénégal, Mali, Gambie, Guinée Bissau) ont été extrêmement médiatisées et ont donné une fausse image de la sous-région, désormais perçue comme une zone de « transit » vers l’Eldorado européen. S’inscrivant dans le cadre d’accords bilatéraux passés avec les pays européens, les politiques migratoires des Etats-membres de la sous-région se sont ainsi focalisés, depuis le début des années 2000, sur le renforcement des contrôles aux frontières nord de la CEDEAO tout en mettant en exergue le lien entre migration et développement. Or, ces politiques n’ont pas toujours eu les effets escomptés et peinent encore à trouver le juste équilibre entre préoccupations sécuritaires et respect des droits humains fondamentaux. De plus, elles ne tiennent pas compte de la dynamique des migrations interrégionales et des risques encourus par les migrants et les personnes en besoin de protection internationale au sein même de la sous-région. En janvier 2008, la CEDEAO a réagi à cette situation, en se dotant d’une Approche Commune sur la migration, qui recentre les priorités sur la question de la libre circulation au sein de la région, de l’optimisation de la migration régulière et de l’aménagement du territoire. Ayant jusque là privilégie une politique de relative laissez-faire dans le domaine migratoire, les Etats membres réfléchissent désormais à une gestion plus effective des mobilités sous-régionales .

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Aissatou Bâ

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