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Politique macroéconomique : en Afrique Subsaharienne

Politique macroéconomique : en Afrique Subsaharienne

A chaque fois que cela est possible, la politique macroéconomique doit être le principal instrument utilisé pour réduire autant que possible les éventuels effets macroéconomiques indésirables de la volatilité des mouvements de capitaux. Toutefois, une flexibilité maximale en ce domaine nécessite le maintien de la stabilité macroéconomique globale et l’existence d’amortisseurs adéquats.

Comme ces conditions ne sont pas toujours réunies, le dosage souhaitable de politique macroéconomique dans certains marchés pionniers d’Afrique subsaharienne : le manque de profondeur des marchés financiers et de crédit limite les options de politique monétaire. En outre, il est indispensable d’agir au moment opportun en s’appuyant sur des données appropriées et disponibles en temps utile concernant les sources et la nature des flux de capitaux ainsi que sur d’autres indicateurs macroéconomiques. Les marchés pionniers d’Afrique subsaharienne devront donc dans la constitution de capacités de collecte et d’analyse des données concernant les flux de capitaux ainsi que plus généralement le compte de capital et le compte financier de la balance des paiements, sans oublier les prix des actifs, en particulier ceux de l’immobilier. Quand on cherche la riposte économique appropriée pour un pays donné, il faut tenir compte de plusieurs facteurs, à savoir une évolution du niveau du taux de change et de la compétitivité au moment présent, l’adéquation des réserves de change ; tant pour la couverture des importations que celle de l’endettement à court terme et des autres engagements ; et la conformité du taux de change aux paramètres fondamentaux  de l’économie, la situation conjoncturelle du pays, notamment l’écart de production, ainsi que le degré de tension inflationniste, les risques de formation de bulles d’actifs, une évaluation de la situation des bilans des banques, des entreprises et des intermédiaires financiers. Ainsi, le Nigeria, dont les réserves internationales sont confortables et le taux de change en général conforme aux paramètres économiques fondamentaux, peut choisir d’intervenir sur les marchés de change dans le cadre de sa stratégie de gestion des sorties de capitaux causés par ce qui est perçu comme une phase temporaire d’aversion générale pour le risque. Sa solide croissance économique et son inflation encore élevée incitent aussi à penser qu’un certain resserrement des conditions monétaires pourrait être opéré. En revanche, le Ghana, dont les réserves de change sont très inférieures et qui accuse un lourd déficit du budget et des paiements courants, devrait laisser sa monnaie s’ajuster de façon à atténuer les sorties de capitaux tout en durcissant sensiblement la politique monétaire et budgétaire pour réduire ses besoins de financement externe.

Mesures macro Prudentielles

Outre qu’elle complique la gestion macroéconomique, la volatilité des mouvements de capitaux est de nature à accroître les risques pesant sur le système financier. Un afflux de capitaux peut menacer la stabilité du système bancaire s’il facilite une expansion excessive du crédit ou entraîne une asymétrie entre la composition en devises de l’actif et celle du passif des bilans. Il arrive aussi qu’un afflux de fonds entraîne la formation de bulles des prix d’actifs (par exemple dans l’immobilier ou sur les marchés d’actions). Au Nigeria, la crise bancaire de 2009 résultait en partie d’emprunts des banques à l’étranger dont le produit était investi sur le marché des actions. Lorsque la bulle boursière a éclaté, un certain nombre de banques sont devenues insolvables. La politique macro prudentielle a donc aussi un rôle important à jouer dans la gestion des flux de capitaux.

Le montants des prêts reconnus faibles

Des mesures favorisant la solidité et la stabilité du système financier interne sont nécessaires pour limiter les retombées indésirables. Un système bancaire sain jouerait un rôle d’amortisseur, comme on l’a vu après la crise financière mondiale. A cet égard, les ratios d’adéquation des fonds propres déclarés sont supérieurs aux normes réglementaires dans la plupart des marchés pionniers d’Afrique subsaharienne, alors que le montant des prêts reconnus comme improductifs est relativement faible par rapport aux autres pays à faible revenu. Néanmoins, au fur et mesure s’intégreront davantage au système financier international, les gouvernements et les autorités de supervision devront adapter les règles prudentielles pour faire face aux risques systémiques découlant de cette intégration et se doter des moyens de surveiller et d’évaluer les risques liés aux activités transfrontalières. En tout état de cause, l’on peut dire sans risque de se tromper, que les marchés pionniers d’Afrique subsaharienne ont commencé à adopter à des degrés divers des mesures macro prudentielles.

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