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Traite d’êtres humains et réseaux de passeurs

Traite d’êtres humains et réseaux de passeurs

 Il faut ici distinguer la traite des êtres humain (« trafficking ») engendrant violation de droits humains (contrainte, exploitation, tromperie), du trafic de migrants (« smuggling »), qui suppose faire passer une frontière illégalement mais en respectant un contrat vendeur-client préétabli et librement consenti (cf. définitions en annexe).

Des millions de personnes davantage menacées par la traite des êtres humains  en raison de la Covid-19 (ONUDC) - World | ReliefWeb

En pratique, la frontière entre les deux notions est souvent floue, les simples passeurs pouvant parfois abuser de la confiance de leur « client » et chercher à les exploiter.

 L’opposition « gens du Sahel » et « gens de la forêt »

Au Sénégal par exemple, les migrants et demandeurs d’asile qui rencontrent le plus de difficulté d’intégration ne sont pas ceux qui viennent des pays limitrophes, (les plus nombreux, mais les plus proches culturellement), mais les « gens de la forêt » et les « anglophones », accusés d’« animisme » et de « tribalisme » 1. A l’échelle des représentations tout comme des attitudes envers les étrangers, cette opposition semble plus pertinente que la classification juridique : ressortissants et non ressortissants de la CEDEAO. Les Nigérians en particulier, sont systématiquement assimilés au commerce de la drogue, à la prostitution et à la fraude financière (à la fois par les citoyens et les services de l’immigration), tandis que les Libériens et les Sierra-léonais suscitent la peur du fait des violences qu’ont connu leur pays. En plus de la langue, ces derniers sont également différenciés par leur « peau claire », tout comme les Ivoiriens. Au contraire, les Tchadiens sont perçus comme « plus proches » à la fois du point de vue de la religion et de la culture. Ces représentations se traduisent par des stratégies d’évitement entre communautés d’accueil et « étrangers », mais surtout par des discriminations quotidiennes, dans l’accès à l’emploi, et surtout face à la police. De fait, les anglophones et les personnes de peau plus claire sont plus fréquemment visés par les contrôles de routine puisque leur langue ou leur couleur laisse présager une situation irrégulière2 . Il arrive également qu’ils soient détenus s’ils n’ont pas de quoi payer les officiers, mais ils sont généralement relâchés après quelques jours3 . Aujourd’hui, les migrants « de transit » sont aussi facilement assimilés à des petits criminels, car suspectés de commettre des petits délits afin de financer la suite de leur voyage et de favoriser le développement de réseaux de passeurs et de criminalité organisés (commerce de la drogue, prostitution) 4 . De plus en plus, on assiste ainsi à une assimilation entre migrants originaires des pays autres que des zones limitrophes et « criminels ». Dans les pays situés entre le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest, comme en Mauritanie, on observe aussi une recrudescence d’une idéologie racialiste, opérant des amalgames entre « noirs étrangers », « clandestins en transit », et montée de l’insécurité5 .Toutefois, ce phénomène ne touche pas tous les pays à égalité. Au Ghana par exemple, où la croissance économique est plus importante et les migrations de « transit » vers l’Europe de moins longues durées, on ne retrouve pas cette tendance, à l’exception des Nigérians, perçus comme de grands criminels dotés de pouvoirs occultes.

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Maimouna Ba

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