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L’Afrique de l’Ouest comme nouvel espace de transit (Sénégal, Niger, Mali) ?

L’Afrique de l’Ouest comme nouvel espace de transit (Sénégal, Niger, Mali) ?

 Le durcissement des politiques européennes a eu pour deuxième conséquence de pousser plus au Sud les villes-relais et les pays de « transit ». Alors que jusque là, les pays maghrébins, l’Algérie, la Libye et le Maroc, occupaient ce rôle, l’intensification des contrôles dans ces pays obligent les migrants à s’y installer plus durablement et/ou à se replier plus au Sud.

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Ainsi, la période de transit se rallonge et entraîne une sédentarisation plus ou moins partielle des migrants pouvant aller jusqu’à plusieurs années3 . Si de nombreux sub-sahariens se sont durablement installés au Maroc (autour d’Oujda), en Algérie dans la ville de Tamanrasset (50/100 de la population en 2005), ou encore à Nouadhibou en Mauritanie (10/100 de la population en 2005), ils sont désormais de plus en plus nombreux à se retrouver bloqués aux portes nord de l’Afrique de l’Ouest4 . Si les chiffres restent rares, les enquêtes qualitatives montrent que des villes comme Agadez au Niger, Gao et Kidal au Mali, mais aussi Saint-Louis au Sénégal ou encore Nouadhibou en Mauritanie font office à la fois de villes-relais mais aussi d’« impasses ». S’y côtoient en effet les migrants en partance pour l’Europe, qui y travaillent, le temps de se constituer le budget nécessaire pour « partir », des migrants installés de longue date depuis les années 1980, et ceux qui ont été interceptés en mer ou dans le désert ou renvoyés par les autorités espagnoles, algériennes, mauritaniennes ou libyennes. Ainsi, il reste très difficile de distinguer, dans ces pays, la part de migrants en résidence permanente de ceux en transit de courte durée, d’autant plus qu’une large part de la population étrangère opère des mouvements saisonniers5 .Dans ces villes-relais se développe néanmoins une « économie de transit »6 (hôtellerie, commerce ambulant, transport, etc.) qui dynamise et modifie profondément les espaces urbains, mais qui favorise aussi le développement de réseaux de trafics et de prostitution. A la charnière de ces villes-relais, on retrouve également le rôle clé joué par les capitales sahéliennes que sont Bamako, Ouagadougou et Niamey, comme étapes obligées vers les zones de transit.

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