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En Afghanistan, le chaos et la peur s’amplifient à l’approche du 31 août

En Afghanistan, le chaos et la peur s’amplifient à l’approche du 31 août

Les talibans demeurent intraitables face à l’évacuation de l’aéroport de Kaboul. Les nouveaux maîtres de l’Afghanistan ont réitéré mardi leur refus de reporter le retrait des forces américaines le 31 août. Selon leur porte-parole, Zabihulla Mujahid, seuls les étrangers seront autorisés à quitter le pays. Les civils craignent désormais le pire.

Des Afghans sont évacués vers le Canada depuis Kaboul, en Afghanistan, le 23 août 2021.

C’est avant tout un message adressé à la communauté internationale. Cela ne change rien pour la majorité des Afghans que nous voyons ici, puisque c’est ce qu’ils vivent depuis dix jours, rapporte notre envoyé spécial à Kaboul, Vincent Souriau. Interdiction de passer les barrages talibans. Pour les avoir vus à l’œuvre il y a quelques minutes, personne n’a envie de forcer ces barrages talibans, encore moins lorsque vous avez un bébé dans les bras, parce qu’ils n’ont pas de limites.

Ainsi, un peu plus tôt, à la principale porte de l’aéroport, il a fallu courir, parce qu’ils sortent le fouet et qu’ils tapent au hasard. Il y a trop de monde, ils ne savent pas gérer et n’ont pas envie d’être là pour faire du maintien de l’ordre… Donc, ils bloquent tout et s’énervent très vite.

Des milliers de personnes abandonnées

On voit des dizaines, des centaines de personnes qui ont des passeports étrangers, des passeports britanniques par exemple. Ils les montrent, les agitent. Ces passeports sont leur vie mais ils ne peuvent pas passer, on les en empêche et personne ne va venir les chercher, parce que c’est trop dangereux. Parce que les troupes étrangères sont dans l’enceinte de l’aéroport et n’en sortent pas. Cela signifie que des milliers de personnes, peut-être des dizaines de milliers, qui ont des papiers occidentaux, qui ont des visas, qui ont tout dépensé pour venir à Kaboul, tous ces gens vont être abandonnés à leur sort.

C’est le cas de cette militante des droits civiques, contactée par Justine Maurel du service international de RFI. Originaire de Kandahar, cela fait cinq jours qu’elle est bloquée devant l’aéroport, les talibans l’empêchent d’entrer : « Ils m’ont frappée avec des bâtons au niveau du dos. Je leur ai dit plusieurs fois que je suis une militante des droits civiques et mes proches attendent dans l’aéroport. Je leur ai dit : “Vérifiez juste mes papiers. S’ils sont faux, je suis sûre que je ne rentrerai pas dans l’aéroport”. Mais ils ne vérifient pas mes papiers. Ils acceptent des pots-de-vin de la part de Pachtounes qui n’ont aucun papier d’identité, qui ne parlent même pas anglais, qui viennent de régions éloignées, et ils les font entrer dans l’aéroport. D’autres communautés comme les Hazaras, Turkmènes, Ouzbeks, Tadjiks, ne sont pas autorisées à entrer dans l’aéroport. C’est sûr que les défenseurs des droits des femmes, les militants politiques, se feront tuer par les talibans parce que dans ce genre de crise, personne n’a de droits. Et ces visas, ces citoyennetés, font partie des droits des femmes politiques, les défenseurs des droits des femmes, ceux qui sont directement sous la menace des talibans. »

rfi

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